Avec pour seul indice ce souvenir
Rencontrer un scénario bâti autour d’un trouble de la mémoire est courant. Amnésie, refoulement, évènement oublié, souvenirs modifiés : avec de telles bases, le drame trouve rapidement son chemin.
Souvent, ces troubles servent de prétexte à parler d’autre chose – d’amour, de blessures, de secret. La mémoire est un point de départ pour aborder ces thèmes-là, mais elle ne joue pas un grand rôle dans l’histoire. Par exemple, en bande dessinée, la série XIII (l’histoire d’un amnésique accusé d’être le meurtrier du président des Etats-Unis) s’appuie sur l’absence de souvenirs du personnage principal pour enchaîner les surprises et renforcer la paranoïa ambiante, sans vraiment s’attarder sur le détail de l’amnésie. XIII, le héros, a tout oublié. Point. L’histoire ne revient dessus que pour relancer une nouvelle aventure, sous prétexte que le passé que XIII s’est découvert comporte encore quelques zones sombres.
Dans ma quête d’œuvres qui abordent le thème de la mémoire, je suis parfois tombé sur quelques perles qui se penchent davantage sur les mécanismes mêmes du souvenir, et explorent des pistes nouvelles. Si j’ai bonne mémoire est une ces perles.
« Je me fais l’effet d’un puzzle. Avec une pièce en trop. » L’idée de départ est simple : un homme croise une femme, et il se souvient d’un seul coup qu’il a un souvenir d’elle. Impossible de se rappeler qui elle est, ni quand et comment il l’a connu. Il a tout oublié à propos d’elle, sauf un moment intime – où elle lui disait qu’elle l’aimait. Avec pour seul indice ce souvenir troublant, commence alors une enquête sur cette femme. La frustration de ne pas retrouver d’où sort ce mystérieux bout de mémoire fait rapidement place à l’obsessionnel besoin de comprendre.
Entièrement réalisée par Alexis Robin, cette bande dessinée est une merveille.
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