Chaque matin, c’est la stupeur

Il n’est pas nécessaire de s’intéresser depuis très longtemps à la mémoire pour comprendre le rôle clé que joue le sommeil dans la consolidation des souvenirs. Mais ce mécanisme déclenche peu de ressorts scénaristiques évidents, et c’est probablement pour cela que la fiction s’est plus souvent penchée sur le phénomène inverse : et si dormir effaçait les souvenirs ?

En 2004, le film Amour et amnésie présente un femme qui se réveille chaque matin en ayant oublié ce qu’il s’est passé la veille. Un homme se met en tête de la séduire, et cela donne une jolie comédie romantique mêlant gags et poésie.

En 2011, le livre Avant d’aller dormir part de la même idée, et la transforme en drame. Chaque matin, c’est la stupeur, et chaque journée consiste à relire ses notes pour résoudre un peu plus l’énigme qu’est devenue sa vie. (Si vous vous lancez dans la lecture, prévoyez du temps pour reprendre votre souffle à la fin, le rythme est haletant.)

La belle surprise de ce livre est que, même si l’hypothèse de départ est improbable d’un point de vue scientifique, l’auteur sonne juste à chaque fois qu’il évoque le fonctionnement de notre cerveau pour façonner nos souvenirs.

« We’re constantly changing facts, rewriting history to make things easier, to make them fit in with our preferred version of events. We do it automatically. We invent memories. Without thinking. If we tell ourselves something happened often enough, we start to believe it, and then we can actually remember it.« 


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