La communication qui passe par de la technologie
En m’interrogeant sur ma relation avec mes proches, je me suis rendu compte récemment que j’étais réticent à la communication qui passe par de la technologie. Téléphone, SMS, chat vidéo, email : je fais avec, mais si je peux, je préfère faire sans. Enfin, non, c’est un peu plus que ça : parfois, quand je ne peux pas faire sans, je ne fais pas avec. Je ne sais pas d’où ça vient. Et je n’ai même pas l’excuse des débutants qui trouvent ces modes de communication compliqués. Ce n’est pas mon cas, je sais les utiliser. Mais, au lieu de me rapprocher des gens, ils m’en éloignent, faute d’en faire usage.
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Dans une entreprise internationale, il existe de multiples modes de communication. L’échange direct, le téléphone, l’email, la vidéo. Quelques quiproquos ont suffi pour me faire réaliser à quel point nous sommes peu formés à utiliser ces différents modes de communication. Personnellement, je sous-estime beaucoup les écarts d’impact qui peuvent exister suite à une conversation faisant usage de l’un ou l’autre mode.
Récemment, la vidéo-conférence a fait une entrée fracassante. Notamment, j’ai assisté à un phénomène bluffant. Réunion à 7. 6 personnes à Paris, 1 à Madrid. L’écran de vidéo-conférence était placé en bout de table, et il se trouve que l’image de la personne située à Madrid était à peu près de taille réelle. Autrement dit, on l’avait l’impression que cette personne était réellement assise à la table, comme tout le monde. Elle participait activait aux discussions, interrompait en milieu de phrase, répondait du tac-au-tac. La qualité de l’installation technique jouait un rôle clé, car l’image était fluide et personne n’avait besoin de hurler pour se faire entendre.
La réunion durait toute la journée, c’était une sorte d’atelier de réflexion. Vers 13h, lorsqu’une session s’est terminée, nous avons commencé à évoquer le lieu du déjeuner. Et je me souviens du flottement, l’espace d’un instant, provoqué par le fait que nous avions oublié que la personne qui était assise en bout de table n’allait pas pouvoir nous rejoindre ! Évidemment, c’était absurde de s’en étonner, mais c’est précisément cette absurdité qui est révélatrice. Je sais que cet instant de flottement n’aurait jamais eu lieu si la personne avait simplement été au téléphone pendant toute la matinée.
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