L’allié de mon cerveau

L’année de mes 12 ans, je me souviens avoir passé du temps à essayer de regarder des mots sans les lire. Pendant les trajets en voiture, je regardais les publicités, et je tentais de poser mon regard sur les slogans sans les déchiffrer.

C’est un exercice très difficile. Je ne me souviens pas d’avoir jamais réussi. (J’ai depuis abandonné l’espoir d’y parvenir un jour.)

Cet échec a été riche de deux enseignements, que je ne comprends qu’aujourd’hui.

Premièrement, mon cerveau ne m’obéit pas systématiquement.
Deuxièmement, mon cerveau a des réflexes qu’il ne contrôle pas.

Je sais désormais que le meilleur moyen pour que je ne lise pas un mot est que je ne vois pas le mot en question. C’est d’ailleurs le seul moyen. Et je l’ai accepté.

[...]

Cela peut paraître mince comme victoire, si l’on se concentre sur l’exemple choisi : à quoi servirait de savoir ne pas lire ?

Mais la valeur de l’histoire tient dans la résignation finale. Une fois que j’abandonne l’idée de forcer mon cerveau à faire quelque chose de contre-nature, je peux enfin me concentrer sur les autres pistes qui pourraient mener au même résultat. Notamment, je peux devenir l’allié de mon cerveau, en lui proposant des situations où il va naturellement faire le bon choix, au lieu de lutter contre ses penchants naturels.


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