Arrache-moi la tête

« C’est difficile de dire non quand on n’est pas conscient de toutes les choses auxquelles on a dit oui. » David Allen

Situation A. Une opportunité s’offre à vous. Et vous devez vous positionner : la saisir ou non.

Que faites-vous ? Vous vous mettez à la jauger, à vous interroger sur ses conséquences positives, ou sur la probabilité qu’elle soit un piège déguisé. Vous l’inspectez sous toutes les coutures. Vous la comparez à d’autres opportunités passées. Vous vous projetez dedans et regardez où ça vous mène. Bref, vous vous assurez d’avoir toutes les cartes en main pour décider.

Situation B. La même opportunité s’offre à vous. Et vous devez, là aussi, décider de la saisir ou non. La simple différence, c’est que, au moment de vous interroger, vous êtes pleinement conscient de toutes les opportunités en cours auxquelles vous avez déjà dit oui.

Que faites-vous ? Probablement la même chose, sauf que la barre de sélection est soudainement beaucoup plus haute. Une bonne idée parait bien pauvre quand elle est confrontée à 10 excellentes idées. Une opportunité royale perd vite de son attrait quand elle doit trouver sa place parmi 4 projets déjà engagés et porteurs de résultats.

[...]

La décision qui sera prise dans la situation B ne sera souvent pas la même que dans la situation A. Et c’est étonnant, dans la mesure, où, au fond, le contexte ne change pas d’un iota. Le simple fait de rappeler à l’esprit nos décisions passées, et ainsi combler notre bien fragile mémoire, suffit à changer la donne.

Mais le plus étonnant, à mes yeux, c’est à quel point, dans la situation A, on ignore la profondeur de notre ignorance. En procédant à une analyse méticuleuse de l’opportunité présente devant nous, on a l’impression d’être prudent, consciencieux, rationnel. Et plus on passe de temps à effectuer cette analyse, plus on renforce ce sentiment de confiance dans la décision que l’on va prendre. Pas une seconde on ne soupçonne l’inutilité de cette analyse, privée de point de comparaison.