Une utilisation trop systématique
Quand j’étais enfant, j’avais appris un étrange tour de magie. Enfin, une expérience troublante, disons. Je demandais à une personne de remonter sa manche, de me donner sa main, et de fermer les yeux. Puis je lui expliquais ce qui allait se passer :
« Avec un doigt, je vais te caresser l’intérieur du bras, en partant de ta paume et en remontant doucement vers ton épaule. Quand j’atteins la pliure, au niveau de ton coude, dis-moi stop. »
Je caressais le bras. La personne disait stop. Ouvrait les yeux. Et constatait que mon doigt n’était pas arrivé à la pliure du bras.
Illusion sensorielle, et illustration d’un phénomène toujours perturbant : avoir la certitude de là où l’on est, puis découvrir qu’on n’y est pas encore.
[...]
Quand on apprend quelque chose, il y a 3 phases :
1. On ne sait rien, tout ce que l’on voit compose un fond uni, on est prêt à apprendre.
2. On découvre des règles qui régissent tout ça, et on s’en sert comme d’un prisme pour regarder et comprendre le monde entier.
3. On intériorise tellement ces règles qu’on les oublie, y trouve des exceptions et de contextes d’application.
[...]
Si on apprend à utiliser la méthode Getting things done, on passe par les mêmes phases. Et il arrive qu’on ait l’impression d’être dans la dernière phase, alors qu’on est encore dans celle d’avant.
Cela peut se manifester par une utilisation trop systématique de cette méthode. On a découvert une organisation qui a contribué à régler de nombreux problèmes, et on se prend à vouloir que tout soit régi par ces principes. Même ce qui ne pose aucun problème, et roule déjà tout seul.
Lorsqu’on a vraiment appris à utiliser cette méthode, on fait naturellement le tri entre ce qui doit ou non être pris dans ce processus. Et on réalise de nombreux projets sans jamais définir une seule « prochaine action ».
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